Si tout le monde en parle depuis 2022, le départ du prestigieux salon EBACE (European Business Aviation Convention & Exhibition) semble se confirmer cette semaine, avec une édition 2025 qui n’a vraiment pas fait le plein d’exposants ou de visiteurs. En attente d’une confirmation fin juin, la situation crée déjà une vraie déception à Genève.  

L’édition décevante du salon EBACE, qui s’est achevée le 22 mai, s’est clôturée sur la confirmation des craintes des autorités et des organisations chargées de faire rayonner la région lémanique dans le monde. L’EBAA, qui organise le salon, a indiqué qu’elle communiquerait sa décision sur le futur uniquement fin juin. Cependant, l’affaire semble déjà bien entendue. 

En effet, étape par étape, depuis 2023 et l’invasion du tarmac, le salon EBACE amorçait son retrait de Genève, d’abord en réduisant la voilure puis en supprimant totalement le «statique», où les avions exposés sur le tarmac attiraient autant les visiteurs que les exposants.

Organisé chaque année au Palexpo depuis 2001, cet événement était l’un des plus importants rendez-vous mondiaux de l’aviation d’affaires, attirant des milliers de professionnels et générant des retombées économiques significatives pour la région. La perspective de son retrait est perçu comme un coup dur pour l’image et l’attractivité de Genève, que ce soit pour aller dans une autre ville d’Europe ou pour renforcer la part d’aviation d’affaires dans d’autres salons existants, comme Aero 2026 à Friedrichshafen

Une faille sécuritaire

Selon plusieurs sources proches du dossier, la décision de quitter la ville serait en partie liée aux incidents survenus lors de l’édition 2023. Cette année-là, une centaine de manifestants avaient réussi à passer toutes les barrières de sécurité pour protester entre les aéronefs exposés sur le tarmac, mettant le salon en pause et causant la fermeture de l’aéroport pendant quelques heures. 

Au-delà des dommages économiques causés par les interruptions et de la mauvaise image pour le monde entier, cet incident révélait aussi une faille sécuritaire jugée «inadmissible, irrémédiable et grave» par de nombreux observateurs et de vraies inquiétudes pour l’avenir au sein des organisations professionnelles. 

Ces failles ont profondément ébranlé la confiance des organisateurs, notamment les constructeurs aéronautiques, qui n’ont reçu aucune garantie suffisante de sécurité pour les éditions futures. Le contexte international, marqué par des tensions croissantes autour de l’aviation d’affaires, n’a fait qu’accentuer ces préoccupations.

Du côté de ceux qui représentent Genève et ses différentes industries qui fondent la prospérité régionale, la déception est grande, évoquant «une perte majeure pour Genève», rappelant que le départ d’EBACE dépasse le simple cadre d’un événement. «Ce serait un signal négatif et inquiétant sur l’attractivité de notre ville», alertent les organisations patronales, pointant du doigt un environnement devenu peu favorable à l’organisation d’événements internationaux de grande envergure.

Une «perte très dommageable»

Du côté de Genève Tourisme, le constat est tout aussi amer. Craignant cette «perte très dommageable», les spécialistes de l’accueil soulignent que ce retrait s’inscrit également dans une évolution plus large des pratiques dans le secteur événementiel. Dans les faits, Genève souffre d’une perception erronée de cherté, alors que «la ville n’est pas plus chère que Paris ou Londres, mais elle est plus pratique et agréable sur le plan logistique».

Pour Walter Chetcuti, président de l’AGAA et excellent connaisseur du salon, il est vrai que les habitudes commerciales évoluent et que les budgets se contractent. Cependant, le dirigeant et ancien pilote a toujours travaillé au cœur de la valeur ajoutée unique de la région genevoise, dont l’aviation d’affaires est une condition cadre, et reste confiant dans sa force d’attractivité. Dans ce sens, il souligne que «les autres villes concurrentes pour accueillir le salon – Paris, Barcelone, Londres ou Vienne – n’ont pas le pack d’avantages uniques de Genève et sa région… On pourrait donc espérer un retour en Suisse dans l’avenir».